Le livre sans images

Le livre sans images, écrit par B.J Novak, est un ouvrage destiné aux enfants âgés de 6 à 8 ans selon la maison d’édition, l’École des loisirs. Bien que les lecteurs ciblés entrent progressivement dans la lecture et gagnent en autonomie, la lecture partagée est imposée par le récit. Cela lui permet d’être accessible, même aux plus jeunes. Mes enfants l’ont lu dès 2 ans et sont très sensibles à l’humour qui se dégage de cet ouvrage. 

Ce livre offre une mise en abyme de l’acte de lecture. Je vais donc vous le présenter dans son entièreté. Il débute par la préposition « voici » et introduit la problématique de l’ouvrage. Bien qu’il soit pour un jeune public, ce livre n’a pas d’images. Les enfants peuvent le trouver ennuyeux ou trop sérieux. Cette interrogation sur le rapport de l’enfant au livre sans images va amener l’auteur à redéfinir l’acte de lecture. Les règles qu’il édicte sont les suivantes. Un livre doit être lu à haute voix par l’adulte médiateur. Il doit lire tous les termes, toutes les pages. Le récit guide la lecture jusqu’au mot fin. 

Le livre se joue de ses conventions, à travers un double jeu dialogique. L’adulte se trouve contraint de lire certaines phrases représentées en gras ou avec des couleurs. Le texte conduit le lecteur médiateur à faire des sons surprenants, à changer d’intonation ou à chanter. Ces directives sont amenées par l’énoncé lui-même, mais aussi par des jeux graphiques. À cela répond une seconde voix formalisée grâce à une police plus classique. L’adulte exprime un point de vue dans lequel il s’insurge des contraintes qui lui sont imposées. Le livre se décrit lui-même comme « oblige(ant) les adultes à lire des idioties ». Le médiateur doit, par exemple, lire que le jeune auditeur est l’enfant le plus merveilleux du monde. Ses deux voix narratives se font écho pour provoquer de francs éclats de rire. Cette histoire peut être reprise à l’infini, car chaque adulte y apportera son ton et son propre vécu. 

La parole du médiateur est une nécessité pour l’enfant, qui doit se plier aux codes et besoins de l’adulte pour saisir l’opportunité d’une lecture. Renverser les contraintes est l’occasion pour l’enfant de se réapproprier la lecture. L’humour permet aussi de faire briser les résistances face à la lecture du livre sans images. Le jeune lecteur trouve du sens dans les mots. Bien que récréatif, ce livre amène une réelle métaréflexion pour l’enfant. Complètement incongru, presque insolent, ce livre est un premier pas vers la lecture autonome et le développement d’une observation critique, pour le jeune lecteur,  de ses propres pratiques de lectures. 

Mère le jour, étudiante en sciences du langage la nuit.
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